Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Mouettes ~ Mer 30 Juil - 9:54
"Non, courage! Je, je... J'arrive!" Elle galopait dans les herbes hautes à la recherche de celui qu'elle aimait. Elle en perdit haleine, sa jupe était lacérée et ses jambes s'égratignaient; mais jamais elle ne se plaignait. Ses escarpins de verre tombèrent dans la boue, elle les abandonna et se dressa sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir ce corps sûrement déjà inconscient. "Je m'approche... Tiens bon!" Et elle hurlait, courait éperdument, tribuchait, tombait puis se relevait, tournait en rond mais ne s'avouerait pas vaincue avant de lui avoir parlé juste une dernière fois. Soudain, elle glissa de ses pieds nus sur un mélange rougeâtre et visqueux. Cela l'intrigua, elle le fixa tant qu'elle en eût mal à la tête. Un instant plus tard, elle écarquilla les yeux: elle avait compris. "Non! Ne me quitte pas! Pas maintenant!" Elle se précipita, ses yeux pleuraient à cause du vent, ses joues rougissaient par le froid et ses cheveux détachés de sa natte la rendaient encore plus tendre qu'elle ne l'était. Et, suivant les tâches de sang, elle se dirigea vers le corps presque incandescent. Immédiatement, elle saisit son téléphone de sa main droite et tapa le numéro de l'ambulance. Elle s'agenouilla près de lui. De sa main gauche elle lui caressait le torse, avec toute l'affection qu'elle aurait voulu encore lui faire partager, et les battements de son cœur se confondirent avec le " bip " lent de l'attente au téléphone. "Allô ? Ou êtes-vous située, je vous prie? " Elle ouvrit sa bouche; un son aigu et étouffé en sortit, puis elle ramena pertinemment ses lèvres asséchées, elles se refermèrent après un soupir ennuyé. "Si c'est un canular, au revoir: nous avons mieux à faire. Des vies sont entre nos mains, nous ne pouvons perdre notre temps avec de gens inconscients, tels que vous. Imaginez un instant l'un de vos proches, mourant, du sang suspendu à ses lèvres auxquelles ne respirent que les mots pleurs et frissons. Songez à toutes ces victimes, qui sont sans doute incandescentes au fin fond du désert à cette heure, décédées ou perdues car aucun témoin n'a pu nous contacter. Alors pensez un minimum; juste une fois dans votre vie à la mission que nous avons, au besoin de personnes fragiles et souffrantes, et à la sottise que vous commettez lorsque chaque seconde de notre discussion s'écoule. Ces propos horribles et répugnants cessèrent lorsque l'interlocuteur raccrocha, et sous le choc la jeune femme se laissa tomber sur le corps à présent inanimé. Elle était rentrée chez elle en trainant les pieds qu'elle avait dévêtus. Elle était à bout de force, fatiguée; -c'est-à-dire avec pour seule envie celle de s'affaler sur le canapé- mais cette fois ses parents l'attendraient pour la gronder de son retard. Elle hésita un instant, puis franchit le portail.
Et, à peine eût-elle le temps de glisser la clé dans la serrure qu'on lui sauta dessus. Non, ce n'était pas ses parents dressés là, mais ses deux bonnes vieilles amies qu'elle connaissait depuis la maternelle.
"Aaah! Eh ben, ce n'est pas ton genre de rentrer si tard!"[flash]
Ces dernières la prirent par l'avant-bras et la glissèrent ainsi jusqu'à la cuisine où elles forcèrent la malheureuse à s'asseoir sur un tabouret. La première, Séraphine, lui causait "mode"; tandis que l'autre, Jaconde, lui manifestait son opinion politique. La clouée au tabouret, stupéfaite ne sut comment réagir. D'habitude, elle les aurait déjà fait taire; mais aujourd'hui était simplement un jour différent. Elle se leva, laissant les deux pipelettes parler à un mur -se qui ne sembla pas les déranger- et se dirigea vers sa chambre. Elle ouvrit la fenêtre, prit une bouffée d'air frais qu'elle retint un instant. Cela lui fit du bien, elle renouvela l'opération de suite. Quelques minutes plus tard,; elle reçut une goutte d'eau sur le bout de son nez, elle rouvrit les yeux et aperçut le ciel dans lequel se dessinait un large dégradé de bleu, magnifique. Elle ferma la fenêtre; passa par la cuisine, et eût tout de même une pensée vagabonde à se résigner de rester seule, en attendant le retour de ses deux parents.
Soudain, elle entendit des aboiements se rapprocher, ceux qu'elle connaissait si bien. Son chien, lui sauta dessus. Son père arriva en courant, comme alarmé, et s'interloqua: Sa fille était là. Si bien qu'il ne s'aperçut même pas de ses coups et blessures. Il s'installa sur le banc à côté de sa fille pour l'interroger: "Pourquoi n'as-tu pas répondu ? Ca m'a fait très peur! J'ai crié, crié, on m'a prit pour un bourré dans la rue... Mais je suis là. Maintenant, termina-t-il d'un ton descendu d''un grade de tonalité, tout va bien se passer." Elle ne sut que répondre devant de telles paroles, incrédule, et demeura extérieurement indifférente aux propos de son père. Dès lors, elle cessa d'écouter ces grondements anxieux pour s'envelopper de béatitude et de silence. Elle guettait la porte d'entrée et crépitait déjà de joie de retrouver celle qui lui a donné son premier souffle; et ce bonheur hâté oppressant l'attendait, là, à cette porte mi-rouillée et pleine de poussière. Son père la rappela à l'ordre et cette dernière fit détourner son regard du portail à son père. Elle fixait froidement son visage pendant qu'il continuait à manifester son inquiétude, qui semblait tel que ne pas l'écouter eût été un crime. Par la suite, il contourna le sujet d'une manière que je dois avouer être assez, comment dirais-je, brève et sèche. "Ta mère et moi allons divorcer." Il baissa la tête en laissant couler ces larmes, qu'il avait dû tant garder pour lui. Sa fille le prit dans ses bras, ressentant à ce moment précis comme battement de cœur sanglots. Elle aurait voulu lui dire qu'elle l'aimait, et qu'elle serait toujours là pour lui, mais les mots sont bien plus faciles à envisager qu'à prononcer. Soudain, son père commença à s'emporter. Elle ne put le calmer de ses bras, sortit son portable de sa poche comme pour implorer Jaconde ou Séraphine de l'aider. Elle le prit d'une main exceptionnellement décidée et lorsqu'elle eût fini de déverrouiller l'appareil; son père s'en empara. Il pleura sur l'écran à présent brouillé. Mais déterminé, il l'était, et réussit à saisir le numéro de sa femme sans trop de difficultés. Un moment après, il laissa tomber l'engin à terre d'un bras semblant mort ou lassé. Il ne pleurait plus. Ce coup de fil n'avait pas empiré les choses. Il l'avait rendu inébranlable. Remarquant enfin la présence de sa fille, il fit, comme étonné: "Regarde dans quel état tu es! Tes habits sont bons à la casse..." Elle lui sourit, gênée, mais derrière ce sourire réservé se cachait bien la vérité. Cette dernière c'était dit plus tôt que les gens ont d'autres soucis à résoudre et auxquels s'attrister. Que maintenant, elle a les siens. La vie au côté de ce jeune amoureux était parfaite, sans doute trop. Cela ne pouvait durer ainsi.
Elle se leva du banc pour monter dans sa chambre. Là, elle tira vers elle les volets de son armoire pour se changer. Soudain, elle entendit le klaxon de la police, cette sirène au bruit assourdissant. Elle descendit quatre à quatre les marches de l'escalier, pour retourner dehors et voir débarquer les interrogateurs aux airs des plus sérieux qu'ils soient. "Nous souhaiterions questionner Mademoiselle Blanche." Dit l'un avec une voix ferme et assurée. "Blanche-Ellen Danay." Finit l'autre plutôt timidement. Ils entrèrent dans le salon, où ils s'exclamèrent chaleureusement avant de s'étirer: "Ah, qu'il fait bon de vivre dans une charmante petite maison!" Blanche-Ellen les convia au canapé où l'un des hommes annonça d'un air affecté en direction de Blanche: "Nous sommes contraints de vous avouer que Mr. Elemy vient de décéder il y a 12 heures. Sa famille nous a alerté de sa disparition, et nous l'avons retrouvé incandescent au beau milieu d'une sympathique prairie, pleine de hautes herbes coupantes transperçant quiconque défiera sa tracée. Les empreintes restées sur son corps sont les vôtres. Nous vous avouerons ainsi que nous vous avons en premier lieu lourdement soupçonné. Puis les parents nous ont rappelé que vous étiez... Amoureux." Cela continua tant que ça prit une allure de récital. Et que, même fortement atteinte par la mort de son petit ami, son discours puait l'habitude, et cela l'agaça. Cette dernière avait remarqué la présence d'un jeune homme qui n'avait franchement pas l'air d'avoir confiance en lui. Elle plongea son regard dans ses yeux bleus et vit un mélange d'affolement et de peur dans ses iris. Elle sut immédiatement que c'était un stagiaire, lors d'une première intervention, cherchant à encrer ses racines dans quelque chose, elle ressentit même du rapprochement pour lui. Les trois hommes se levèrent du sofa du salon et tout témoin aurait pu deviner qu'ils avaient été militaires en leur jeunesse. Son père, très protecteur mais à la fois impuissant face aux émissaires de la justice ne put s'empêcher de placer un pathétique... "Ma fille est innocente, je le jure!" ... comme dans les films. Une fois que la police eût passé le portail extérieur, son père toujours inquiet, lui sauta au cou et faillit même l'étrangler.
Il était sept heures cinquante quand Blanche-Ellen se décida à se réveiller le lendemain matin. Dans la précipitation elle goba quelques céréales et enfila le premier jean venu, puis accourra jusque l'arrêt de bus. Ce dernier ne tarda pas à arriver, et Blanche-Ellen fourra un ticket dans la machine qui crissa le même cri qu'elle avait poussé la veille. Soudain, elle sentit un légère secousse au niveau de l'épaule. Quelqu'un voulait passer le couloir, et l'avait frôlé. Un jeune homme, pressé et maladroit, lui fit gauchement ses excuses avant de s'éclipser vers le fond du bus. Mais ce visage, elle, l'avait reconnut. Elle lui fit signe de la tête tel que "Psst, viens voir s'il te plait.", et un instant après il était dressé devant elle. "Oh, vous devez être la jeune Miss Danay." Elle se contenta d'élargir finement ses lèvres et lui continuait sur sa lancée. "Vous vous rendez où? A l'université Wallstreet? Oui, certainement, il me semble vous avoir déjà vue." Blanche-Ellen eût un rire timide, elle y étudiait, et lui aussi. Ce galant homme était adorable, il conversait seul et cela lui était égal. Ce qui amusa Blanche, lui fit dérider son visage en un soleil étincelant qui éclairerait sa journée d'un rayon de lumière. Le jeune camarade était dans sa classe, sauf qu'il restait à l'écart des autres pour seuls amis les livres, et cela paraissait combler la jauge de son bonheur. Un moment plus tard il prit une voix off et monotone, en s'écriant: "Place Wallstreet." Puis il ajouta toujours avec ces yeux scintillants: "Moi, c'est Emile!" Elle le trouvait plutôt sympathique et amical. Il avait l'air à l'aise -contrairement au soir dernier- et attachant. Et dans ses propos, Blanche-Ellen sentait bien qu'il éprouvait de la tendresse, mais surtout de la compassion. C'est vrai, ça. Il savait pour Elemy. Mais ce n'était sûrement pas le temps pour aborder ce type de sujet. Sur ce, ils se mirent à côté en classe, au premier rang. Dès que Blanche-Ellen s'eût posée sur le dossier de sa chaise, elle dériva son regard et se stupéfia en apercevant son camarade Emile prenant déjà des notes dans son cahier bleu.
Voilou ! (c'est que le début xD)
Lawii
Messages : 82 Date d'inscription : 22/06/2014 Age : 21 Localisation : /
Sujet: Re: Mouettes ~ Jeu 31 Juil - 9:51
C'est une super Fic continue comme ça
MB_eevee Admin
Messages : 1 Date d'inscription : 18/05/2014
Sujet: Re: Mouettes ~ Jeu 31 Juil - 10:45
Une très belle fic Par contre tu as mis un lien dans ton texte on sait pas pourquoi x)
Chanata
Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Re: Mouettes ~ Jeu 31 Juil - 10:46
Je sais pas pourquoi non plus x)
Chanata
Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Re: Mouettes ~ Jeu 31 Juil - 15:38
D'accord, et pardon x)
Pikachu83
Messages : 121 Date d'inscription : 05/07/2014 Age : 27 Localisation : sainte maxime
Sujet: Re: Mouettes ~ Ven 1 Aoû - 12:21
Moi j'aime bien l'idée de commencer par une mort, c'est peut etre dur mais on est directement plongé dans une ambiance et un décor. Puis mon sentiment préféré à la description est le desespoir et la peur, car ce sont ceux dont le vocabulaire est le plus riche et ceux qui arrivent à captiver et à toucher le lecteur. j'ai juste eu du mal à vouloir lire au début car c'est très long, mais finalement ça en vaut la peine.
continue
"avec toute l'affection qu'elle aurait voulu encore lui faire partager" *-* Super bien dit aufait !
Chanata
Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Re: Mouettes ~ Ven 1 Aoû - 16:04
Merci pour tout.
Sur ce, ils se mirent à côté en classe, au premier rang. Dès que Blanche-Ellen s'eût posée sur le dossier de sa chaise, elle dériva son regard et se stupéfia en apercevant son camarade Emile prenant déjà des notes dans son cahier bleu.
CHAP 3 >
Spoiler:
Son stylo écrivait bleu marine, comme le sien. Mais les arabesques qu'il calligraphiait à chaque trait, furent tels qu'elle perçut distinctement cette passion qu'il portait pour la littérature. "Blanche-Ellen, ne nous quitte pas." Cette remarque lui fit vaguement penser à la dure scène en compagnie de son cher Elemy, mais elle se résigna à redresser le menton et admirer le tableau couverts de mots chinois harmonieux. Du coin de l'œil elle observait son voisin hocher la tête, plisser les yeux, lever la main, tendre le cou, puis le plonger, pour dessiner des lettres en une sorte de partition de musique contemporaine. Lorsque Blanche-Ellen inséra sa clé dans la serrure de sa maison, l'entrebâilla sans même qu'elle ait pu la frôler. Elle grinça. "Salut! C'est nous!"
Elle soupira puis sourit poliment. Inutile de leur demander où elles avaient été fouillé pour trouver la clé: Dans la cabane à oiseaux, au milieu du tas de graines. Blanche-Ellen leva les yeux au ciel et se dit qu'être petite, inconsciente et naïve rime avec idiotie. Cette dernière fut servie d'une tasse de thé au jasmin, comme elle l'aimait tant. Séraphine était une anglaise de "élitiste" donc le thé, elle le connaissait mieux que quiconque.
Blanche-Ellen trempa sa lèvre inférieure dans l'eau encore bouillante, réussit à se brûler le nez mais se demanda si elle devait lever le petit doigt.
Soudain, elle entendit cet air entrainant si singulier qu'elle s'y précipita. Jaconde écarquilla les yeux tandis que Séraphine étouffa l'un de ses cris feutrés d'exaspération. Il est clair qu'il est rare de la voir se ruer sur le téléphone. Elle ne fit pas "allô". A vrai dire, elle trouvait que cela ne servait strictement à rien. Que de toute manière, si on décroche l'engin, c'est qu'on est là, ce n'est donc pas nécessaire de se faire savoir par un "allô".
La voix qu'elle entendit à l'autre bout de la ligne ne lui était aucunement familière, elle la caractérisa donc en premier lieu par "dégoût"; une pointe d'orgueil et pour couronner le tout un accent insupportable, polluant puis encombrant ses propos. Devant la tête nerveuse et sceptique de son amie, Jaconde lui arracha l'appareil des mains et soupira au microphone comme agacée: "Pff, qu'esque vous voulez ? - Ce serait pour demander quelque chose à Madame."
Jaconde ouvrit la bouche, et, après deux ou trois secondes le téléphone "bipa". L'interlocuteur avait raccroché. Séraphine fronça les sourcils et Jaconde se pinça les lèvres. Blanche-Ellen demeura incrédule. Quelque chose de curieux venait de se produire sous ses yeux. Blanche-Ellen ne sut quelle idée aborder et sur laquelle se pencher. C'est alors que l'on sonna et chacune se précipita, se bousculant, pour avoir le privilège d'ouvrir la porte en première. Et comme avec la plus grande insolence du monde cette dernière s'ouvrit seule. Toutes dévièrent leur regard fusillant pour en adresser un intrigué à la lumière de la porte. "Aloha!" Fit-on d'une voix chaleureuse. Nos trois demoiselles suspendues à ses lèvres, s'imaginaient déjà un beau surfeur, bronzé, avec une chemise de plage déboutonnée, un chapeau de paille cachant ses yeux d'un air rebelle, avec des pieds parsemés de sable.
Séraphine ôta sa main du visage de Blanche-Ellen qui avait pour dessein de la repousser, et remit sa mèche blanche derrière son oreille. Puis, après s'être humectée les lèvres elle susurra d'un ton badin: "Bonjour." La voix derrière la porte s'était tue et une ombre se dessina sur le carrelage damier de la salle d'entrée.
Blanche-Ellen eût un sourire narquois. Elle reconnaitrait cette voix sans l'esquisse d'un doute. Amusée, elle mit les mains à la taille, étant prête à éclater de rire au second geste d'apparition.
"Bouh!" Et la prit de derrière, et on la chatouilla, et elle pouffa. Jaconde ne comprenait rien. Blanche-Ellen était quelqu'un d'assez réservée et distante, il lui semblait donc impossible d'envisager qu'elle ait d'autres amis. Séraphine, elle, je ne vais pas exhiber de détails. Elle ne supportait même pas de la voir se faire effleurer, surtout par un si charmant homme.
"Alors comme ça, lança-t-elle en ne quittant pas du regard Blanche-Ellen, on a déjà oublié ?"
Emile se paralysa par tels propos, il n'était ni sot ni ignorant et jamais il n'y lui aurait traversé l'esprit de trahir Blanche-Ellen par ce sujet si sensible. Quant à Blanche-Ellen, elle, se dressa; droite dans ses bottes, confiante et sur la défensive. Maintenant, il lui en est assez de son air hautain et dominant, chargé de mépris et de sarcasme noir. Avec Emile à ses côtés, rien ne peut lui arriver. Elle se tourna donc vers Séraphine, celle-ci stupéfaite devant tant de sévérité. Puis, comme choquée, elle se dirigea vers la porte située derrière les deux amis; sans tourner les talons et en guise d'au revoir, un écho de claquement d'aiguilles de talons. Emile ne put s'empêcher d'ajouter cette phrase tellement naïve mais insolente: "Je crois qu'elle est fâchée." Ce qui fit glousser Blanche-Ellen. Le jeune garçon ria à son tour et plaça ses mains sous les aisselles de Blanche, qui s'éperdit en un rire des plus hilares.
CHAP 4 >
Spoiler:
Jaconde eût un sourire de ses fines lèvres et leur porta un regard plein de tendresse et de bienveillance. Elle était ravie qu'un autre homme puisse déjà atteindre un tel degré d'amitié avec sa fragile amie.
*
Aucun des trois n'accueillit de père de Blanche-Ellen. Ils étaient au grenier et s'amusaient grandement, à chaque fois que l'un montrait un geste distrait et inapproprié au jeu qu'ils jouaient -un jeu de plateau que je dois avouer être plutôt enfantin- les deux autres pouffaient et s'en suivait des chamailleries des plus intelligentes.
Jaconde n'avait jamais vu son amie ainsi, si rayonnante et guillerette. Tout se déterminait dans son regard, c'était assez impressionnant. Quiconque aurait pu y lire de la confiance et de la béatitude. Lorsqu'Emile fut devant Mr Danay, celui-ci lui lança avec méfiance: "Qui êtes-vous? -Je suis un camarade de votre fille. Pourrais-je me joindre à votre table?"
Dans des paroles si courtoises, le père ne sut que réprimander si bien qu'il recula, mais presque à contre coeur, une chaise de la table, laissant trainer derrière elle le silence absolu. Durant le dîner, le vieil homme demeura pensif et l'on entendit les cris de la cuillère cognant contre l'assiette, revenir comblée de potage et embarquer dans la bouche mollassonne du père.
Soudain, une question lui échappa: "Depuis quand vous vous connaissez ?" Comme ça, surgissant de nul part en un coup de vent improviste.
Emile, d'habitude gentleman s'esclaffa à la pensée de tous: "Décidément, tes proches ont du mal à accepter que tu ais un autre ami!" Apparemment, cela fit réfléchir l'adulte qui se fonda dans un éternel silence et l'on ne put décrire ses vastes pensées.
"Dring, dring!" Son chien lui lécha le bout des pieds. Ca allait être encore une journée à évanouir sans son cher Elemy. Depuis qu'il n'était plus là, il y avait comme un gouffre dans son coeur. Deux longues journées venaient de se tracer sans lui pour sonner à sa porte, l'aider à s'habiller, lui boutonner sa chemise, lui verser son chocolat chaud et aller lui chercher en courant un croissant aux amandes, sa viennoiserie préférée. La boulangère en conservait toujours un de côté pour elle. Puis il lui portait son sac du lundi de son épaule et lui tenait la porte d'entrée. Il sautait les marches deux à deux, l'air guilleret et le bonheur béant à ses lèvres si délicatement parfumées au lilas. Blanche-Ellen s'installait sur le porte-bagage du vélo de son amoureux, et il pédalait aussi vite qu'il pouvait, pour impressionner sa belle. Cette dernière riait aux éclats, flattée devant le front brûlant d'Elemy qui haletait d'effort. Blanche le serrait alors dans ses bras affectueux, toujours en riant comme une ivre, il redoublait donc d'effort. Ils étaient amoureux, et l'amour, c'est bien connu, ça donne des ailes jusqu'à atteindre ce petit nuage que l'on ne veut plus quitter.
CHAP 5 >
Spoiler:
Soudain, son père la réveilla d'une secousse sèche, et sur le moment Blanche-Ellen le haït d'égarer ces savoureuses pensées. Il avait appelé un taxi et elle devait se presser. Dans un premier temps elle se demanda pourquoi, mais n'eût pas le temps de maintes réflexions. On klaxonnait et s'impatientaient déjà dehors. Ces cinq minutes pour se vêtir et engloutir deux biscuits comptèrent sans doute pour les plus courtes de sa vie.
Elle courra, un gâteau dans la joue et une brosse à cheveux dans la main. Si seulement avait-elle su l'inconfort de prendre un taxi! D'ailleurs, cela l'exaspéra et, remontée contre le chauffeur jamais elle ne lui ferait la conversation. "Place Wallstreet, si j'ai bien compris?" Personne ne répondit et ils partirent direction les chaises d'école. Le chauffeur, lui, brûlait d'envie de parler à sa passagère mais celle-ci n'y prêta pas attention. Ou plutôt, réfléchissait. Ce curieux personnage lui rappelait vaguement quelqu'un. Sa voix qu'il n'avait pas beaucoup usée était mésemblable de toutes, ou presque. Il lui fallait en entendre davantage pour en tirer des conclusions. " Alors comme cela, nous avons contrôle après?" Là, ça ne pouvait qu'être concret. Cette voix à la fois repoussante et oppressante était une évidence. Heureusement, ils arrivèrent vite au lycée, et Blanche-Ellen se hâta vers Emile qui lisait en haut du muret."Bonjour, Miss!"Cette autre voix lui déplissa les sourcils, le jeune homme ferma son livre. Un nuage de poussière en sortit, cet air si gratifiant, incluant toute la vie de ce bouquin et son aventure. Cette odeur ressemblait à celle des bibliothèques, qui vous submerge de sagesse. Emile s'adressa à Blanche-Ellen: " Sûr que seuls m'entendront ceux qui la faiblesse eurent De toujours à leur cœur préférer sa blessure Moi du moins je crierai cet amour que je dit Dans la nuit on voit mieux les fleurs de l'incendie Je crierai je crierai dans la ville qui brûle A faire chavirer des toits les somnambules Je crierai mon amour comme le matin tôt Le rémouleur passant chantant Couteaux Couteaux Je crierai je crierai Mes yeux que j'aime où êtes-Vous Où es-tu mon alouette ma mouette. Louis Aragon, récita-il. Tu n'es pas venue en bus?" Cela éveilla de mauvais souvenirs à notre chère Blanche-Ellen qui, sans répondre, s'en alla tête baissée à l'intérieur du lycée qui venait à peine d'ouvrir.
Voilou ! Dites ce que vous en pensez
MB_eevee Admin
Messages : 1 Date d'inscription : 18/05/2014
Sujet: Re: Mouettes ~ Ven 1 Aoû - 16:06
C'est très bien mais ou est le chapitre 2
Chanata
Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Re: Mouettes ~ Ven 1 Aoû - 16:19
Oh J'ai oublié de noter dans mon premier post. Il y a le prologue, le chapitre 1, et le chapitre 2. Je vais les noter, merci de la remarque.
Tom-ACNL
Messages : 69 Date d'inscription : 30/06/2014 Age : 23 Localisation : France
Sujet: Re: Mouettes ~ Sam 2 Aoû - 18:52
J'aime ton style d'écriture, de bons détails sont ajoutés mais je ne comprends pas tout. Au début, l’héroïne perd son petit-ami et ne s'en remet pas puis après si, des gendarmes l'interrogent mais c'est tout ? Ils la soupçonnent comme ça, puis non. De plus, elle rencontre Emile, un garçon sérieux et intelligent, puis il apparaît avec la carrure d'un surfeur. Belle histoire et bonnes continuations.
Chanata
Messages : 6 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 24 Localisation : Chez moi
Sujet: Re: Mouettes ~ Dim 3 Aoû - 8:12
Bonjour,
Non, les gendarmes ne la suivent pas. En fait, ils savent qu'il est mort dans les hautes herbes, que c'est un endroit dangereux. La famille de Elemy [le dead] savent aussi que les deux amoureux s'aimaient à la folie. Elle a convaincu la police que ce n'était Blanche. Puis il y a les traces ensanglantées de l'herbe sur le corps, vu qu'il est tombé. Blanche n'a pas une tête de démon dans la scène de la police, c'est dur de l'accuser. Voilà, j'ai été son avocate. Les gendarmes sont partis sans l'interroger. Elle avait l'air meurtrie. Tu as compris ?
"Et comme avec la plus grande insolence du monde cette dernière s'ouvrit seule. Toutes dévièrent leur regard fusillant pour en adresser un intrigué à la lumière de la porte. "Aloha!" Fit-on d'une voix chaleureuse. Nos trois demoiselles suspendues à ses lèvres, s'imaginaient déjà un beau surfeur, bronzé, avec une chemise de plage déboutonnée, un chapeau de paille cachant ses yeux d'un air rebelle, avec des pieds parsemés de sable."
Voilou. Donc en fait elle fantasme sur un corps. C'était la partie kikou de Natacha, y'a pas mieux dans l'histoire vous inquiétez pas, ahah.
"Alors, comment s'est passée ta journée?" Ne pouvant que se taire Emile prit la relève. "Monsieur, nous avons à vous parler." Son père s'appuya à son tour sur le sofa aux côtés de sa fille; tout en soupirant. Il croyait en une demande de fiançailles, ou même de mariage.
"Votre fille est muette. Depuis trois jours, elle n'a pas décroché un seul mot."
CHAP 6 >
Spoiler:
Après le soupir, la stupéfaction. Sa propre fille? Muette? Il ne s'en était même pas rendu compte. Il allait lâcher d'un ton honteux et désespéré: "Mais pourquoi tu ne me l'avais pas dit!", ce qu'il ne fit pas vu les circonstances. C'était sa fille, la protéger est son devoir. Il se leva du canapé et alla à l'étage en plissant les yeux. Que devait-il faire, à présent? Appeler sa femme et lui demander conseil? Tellement de réponses s'offraient à lui, mais aussi tant de questions...
On sonna à la porte. Emile, déjà debout, saisit la poignée, d'une main ferme, mais hésitante. Après tout, qu'allait-il en surgir?
Cette voix séraphine, cet accent anglais fluide et consolateur ravit Blanche-Ellen qui la serra dans ses bras.
Puis après de brèves retrouvailles elle s'éclipsa à l'étage pour rejoindre son mari. On les entendaient converser par un écho calme, non, ils allaient peut-être divorcer mais au sujet de leur fille il fallait se réunir, pour la protéger et la sauver.
Tandis qu'ils discutaient, Blanche-Ellen s'était endormie sur les épais coussins du sofa et Emile faisait les cent pas. Lui aussi réfléchissait. Comment peut-on faire sans parler, ne serait-ce qu'une journée? Lui même ne subsisterait pas à ne plus avoir de voix. C'est la base de toute communication donc de tout intérêt.
Lorsque Blanche se réveilla il faisait déjà nuit, le soleil venait de se coucher et elle, de se réveiller; elle se demanda comment elle allait bien pouvoir faire pour se fondre dans un somme profond, se recaler pour ne pas louper les cours de demain.
Seulement voilà, c'était là l'ultime question: Qu'allait-elle devenir? Cela lui rongea le sommeil, elle ne savait où guider ses pensées. "Oh! Mais de toute manière, ce n'est pas moi qui vais choisir mon dessein." De cette pensée ironique et sarcastique, elle piqua du nez pour une bonne et longue nuit de repos.
Nous étions samedi et lors de son petit-déjeuner, sa mère lui fit, de son air le plus sérieux qu'il soit: "Bon... Nous avons concrétisé notre choix." Elle se tourna vers son mari. "Alors, ça n'a pas été facile, définit ce dernier, mais voilà. Allez, Elena, lance-toi. Je ne veux pas avoir la responsabilité de son mal-être." Puis Elena fit en baissant le regard de sa fille: "Nous allons t'envoyer dans un hôpital. Il se nomme l'hôpital Mont-Jaune."
Blanche-Ellen fronça les sourcils. Elle ne réalisait sûrement pas la chose. Peut-être croyait-elle en une blague ou autre supercherie.
On lui ordonna de faire sa valise et de se préparer. La première chose qu'elle mit dans ses bagages furent des photos. De sa mère, son père, Jaconde, et même Séraphine. Bien sûr elle choisit une image de son tendre Elemy, puis pensa à Emile. Elle aurait tant aimé qu'il sonne à sa porte comme il le faisait à chaque fois. Car toujours, lorsqu'il poussait cette porte était le meilleur moment. Elle descendit de l'étage pour aller chercher son Mp3.Qui vit-elle? Eh bien Emile. Elle défronça ses sourcils en le serrant d'un câlin qui allait certainement lui manquer, d'une amitié sublime et d'une complicité généreuse.
Un moment plus tard ils se détachèrent, Emile laissa Blanche terminer sa valise. Mais il ne put s'empêcher de l'aider, comme à son habitude. Il empoigna de ses mains fortes l'encolure et la porta avec fluidité jusqu'en bas de l'escalier. Lorsqu'il lâcha la valise, celle-ci tomba et tonna contre le carrelage. Il s'écria presque amusé: "Eh bien, on reconnait là la petite parisienne!"
CHAP 7 >
Spoiler:
Puis il se tourna vers Blanche-Ellen qui avait une marche de hauteur, lui saisit le menton d'une main pulpeuse presque séductrice, et l'embrassa. Il caressa ses cheveux soigneusement coiffés puis effleura son cou si passionnément, que chaque trace de doigt laissèrent une trainée rouge sur sa peau fine, il passa ses mains sur ses basses épaules qui lui étaient parfaites, tâta ses coudes et, arrivé aux paumes de Blanche, ils les serra si sensuellement que leurs mains s'enlacèrent, laissant paraître cette angoisse de se quitter comme de l'électricité. Ce court moment s'interrompit au second clairon du taxi, et Blanche sourit une dernière fois tendrement à ses parents, mais surtout à Emile.
Ce fut le coeur lourd qu'elle s'assit sur la banquette arrière du taxi, tandis que le chauffeur posait les bagages dans le coffre. Une fois devant le volant, il s'esclaffa:" Ah, où nous allons cette fois-ci chère petite dame ?" Il attendit un moment avant de poursuivre: "Oh, parlez plus. J'sais." De toute manière, elle n'en avait pas la possibilité. Elle regarda par la vitre tintée. Il pleuvait.
Des gouttelettes ruisselaient sur la vitre pour se frayer un chemin. Elles emplirent la fenêtre et transforment les passants en arbres et vice versa.
Tandis qu'elle fixait la pluie, son portable vibrait. Séraphine tentait de la joindre mais en vain, son amie s'apitoyait sur la pluie. Peut-être voulait-elle s'excuser, se sentant coupable de son départ. Le voyage était long, et sans divertissement spécifique. La jeune fille libéra ses pieds de ses chaussures d'un coup sec. Elle ôta son manteau et défit sa queue de cheval. Blanche s'assoupit plusieurs fois mais avec les nids de poule qu'il y avait sur la route, le trajet jusqu'au monde des rêves lui était impossible. Alors, elle regardait l'extérieur. Il ne pleuvait plus et le téléphone avait cessé de lui masser la cuisse.
Elle se rendit enfin compte de la présence du véhiculeur. Elle prit une éternelle inspiration pour digérer le fait. Celui-ci ce mit à siffler un air, et, comme emballé, mit la musique plus fort. Elle était plus lancinante qu'entrainante. Blanche crut entrer en transe quelques fois et étouffa un cri. La musique s'arrêta, cela l'apaisa et sa respiration se régularisa.
Elle enfonça un écouteur dans son oreille, puis le deuxième. Béatitude, évasion. Calme, silence absolu. Une trêve avec elle-même. Elle avait beau se dire que le passé, est justement passé, elle ne réussissait pas à se sortir de la tête cette phrase qu'Elemy lui entonnait souvent:
"Pas la peine de te morfondre sur ta pauvre vie. Epouse-la à vivre la sienne avec toi."
Il lui manquait énormément, lui, et ses poèmes. Et elle repensa à ses parents, qui allaient sûrement divorcer durant ce séjour à l'hôpital. Blanche ferma les yeux, aidée par le duvet que ses cheveux lui formaient. Elle vit le regard gris de sa mère, ses fins sourcils et ses gracieuses lèvres qu'elle avait hérité. Ces cheveux blonds si clairs qu'ils paraissaient blancs comme la neige et ce teint pâle, ce nez délicieusement courbé et ces mains savoureuses. Sa mère, c'est son idéal, son idole. Séductrice, presque désirable. N'importe quel homme aurait pu succomber à ce charme envoutant. Et Blanche-Ellen regretta même d'avoir eu un bout de son père. Seuls ses cheveux auburn lui étaient magnifiques. Elle redressa le menton, et peigna ses cheveux de ses doigts.
Cela faisait plus d'un mois qu'elle n'avait pas vu ses parents ensemble, côte à côte, ou encore dans la même pièce. Alors les voir lui annoncer leur décision, ensemble, ça n'a tout de suite plus d'égal et les larmes sont remplacées par un sourire.
Le véhiculeur se retourna et sembla marmonner quelques mots en une autre langue. La voiture parut s'arrêter. La jeune Blanche-Ellen ouvrit les yeux, quittant ce magnifique sourire. Elle prit ses bottes, mélancolique. Ses pieds se mirent doucement dans celles-ci. Elle déposa son manteau sur ses épaules mais ne creusa pas de ses bras les manches.
CHAP 8 >
Spoiler:
Blanche-Ellen se saisit de ce sol nouveau, la mine impassible. Il arrivèrent devant la bâtisse. Une personne les attendait. Quelle ne fut pas la surprise du taximan, qui avait les valises de Blanche-Ellen à la main, lorsqu'on leur déclara: " Venez donc, je vais vous faire visiter les lieux, alors, nous avons ici la façade nouvelle..." Elle était effectivement nouvelle, et Blanche-Ellen eût un torticolis amer à force de lever la tête jusqu'à la façade. Enfin, ils entrèrent dans les lieux. Un guichet se tenait à leur gauche et à leur droite un ascenseur. La guide se dirigea vers l'ascenseur, sûrement car crédule à un handicap paralysant de Blanche. Puis la grande dame, perchée sur ses hautes aiguilles se tourna vers Blanche-Ellen, comme si elle venait de s'apercevoir de sa présence. Elle lui fit: "Oh, mince, tu voulais passer par les escaliers?"
Cela se voyait bien qu'elle n'aurait tout de même pas eu le choix. Pendant la montée, la dame passait son index sur les remparts de l'ascenseur, comme pour vérifier la poussière. La chauffeur -eh oui on l'avait trainé jusqu'ici- lui adressa un regard nerveux. On reconnut nettement en ce personnage la propriétaire des lieux. Lorsque les portes s'ouvrirent ses lunettes tombèrent, elle se baissa, le chauffeur aussi pour l'aider, Blanche elle, était sortie sans la moindre gêne, juste par sarcasme.
Elle tâta le mur blanc pur et fit un large sourire à la femme de ménage, qui le lui réciproqua plein de dents, affreusement jaunes, et elle passa son chemin. Les bottes de Blanche résonnaient au sol, ce bruit cristallin et serein. La secrétaire pencha la tête par dessus le guichet blanc pour apercevoir Blanche-Ellen. Ses sourcils blancs, déteints, se arquèrent. Elle lui lança amicalement: "Vous êtes Blanche-Ellen?" Cette dernière hocha la tête et la vieille dame lui saisit la main, l'amenant ainsi jusqu'à une porte de couleur jaune poussin assez perçante. La femme la lui ouvrit et à ce moment-ci... Sa vue se brouilla. Elle ne vit que du noir dans ce monde de blanc. Ne ressentit plus que la main de la secrétaire, perdit son orientation et chuta à terre. Elle s'étala sur le carrelage de glace et se crut sourde.
Elle ouvrit un œil, puis deux. Ils avaient rattachés ses cheveux auburn en une couette si mal faite que dès que ses membres se réanimèrent elle dénoua sa chevelure. Ses yeux se ternirent. Elle fusilla l'infirmière. Celle-ci ne cessait pas de l'attendrir avec cette bienveillance hypocrite qui vous hypnotise. Blanche céda après un mouvement brusque du bras. Transpercé par un arc-en-ciel de câbles, son sang passait d'un fil à un autre. Elle remonta sa couverture blanche jusqu'au col de la blouse grise. Puis, elle se rendormit. Ceci n'était qu'un malaise.
On lui tendit le téléphone agressivement, elle venait de retrouver ses esprits en entendant la voix de sa mère. Elle crissait au bout du fil, hurlait au téléphone. "Mon Ellen! Ca va? J'ai appris pour ta chute, Ad... euh, le chauffeur m'a tout raconté: Des gens vont s'occuper de toi, et tu récupéreras ta voix! en un clignement d'œil!"
L'infirmière la plus proche de la porte s'éclipsa à l'entente de ces propos. Des gens sont muets de naissance et non de choc. Le téléphone se tut et la pièce retrouva ses couleurs, de tous les tons de blancs. Les gens circulèrent autour du lit de Blanche, pour lui ôter ses fils de tous les côtés.
Ils furent au moins trois à l'amener dans sa véritable chambre dont la porte était cette fois-ci teintée de rouge violacé. A sa grande stupéfaction était assis sur le lit son chauffeur. Sur le coup elle se retira d'un pas puis elle s'avança. Avoir peur et ressentir répulsion ne servirait à rien. Avec tout ce petit monde autour d'elle; si elle écarquille les yeux retour dans l'étendoir de la buanderie.
Le Monsieur tapota doucement la couette à sa gauche en souriant à Blanche-Ellen. Elle comprit qu'elle devait s'assoir et l'écouter, comme un grand-père. Mais qu'avait-il à lui dire? Elle ne le connait à peine, et ne lui a même jamais dit "bonjour" ou adressé un minime signe d'assistance!
Elle s'assit tout de même et lui jeta un regard interrogateur. Le taximan prit une longue inspiration avant de lui suffoquer: "Ta mère t'a dit?" Blanche fronça les sourcils. "Même pas pourquoi elle va divorcer?" Il accentuait les ' r ', c'était une consonance arabe et elle soupira. Ouf. Ce n'est pas une racaille de rue ou un type de ce genre. L'homme reposa sa question un peu plus lentement que la précédente, Blanche comprit qu'il commençait à s'impatienter et haussa les épaules. Oui ses parents vont se séparer, mais... non, elle ne savait pas pourquoi. Le chauffeur déposa sa main sur les cuisses de Blanche, elle ne sut comment l'accepter. L'homme débuta, tout en regardant ses genoux: "Eh bien... Elena... A trompé ton père. Et cet amant, continua-t-il après un instant,...
En espérant que ça vous plaise !
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Mouettes ~
Mouettes ~
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum